1814-1870 : La principauté de Monaco

Monaco subit de réelles transformations durant cette période. La principauté est amenée à disparaître jusqu’à ce que Charles III ait l’idée de créer des jeux de casinos. Il met en place toute une politique de différenciation pour attirer les gens fortunés.

Situation à la veille de 1847

  • La principauté de Monaco a été rétablie dans ses frontières en 1814 et placée en 1815 sous le protectorat du royaume de Piémont-Sardaigne.
    Elle a une superficie totale de 24 km2 et comprend trois communes : Monaco (1 250 habitants), Roquebrune (850 habitants), Menton (4 900 habitants).
    La partie vaste et riche de la principauté est la plaine mentonnaise : cultures d’agrumes et d’oliviers. Le commerce extérieur, principal revenu de l’état, est constitué par les exportations d’huile et de citrons, sur lesquelles pèsent de fortes taxes.
  • Revenu dans ses états le 3 mars 1815, Honoré V est un prince absolutiste. Il gouverne par ordonnance ; il n’existe pas d’assemblée législative élue. Ses successeurs sont Florestan I (1841-1856) et Charles III (1856-1889). Les princes préfèrent habiter Menton plutôt que Monaco et passent une grande partie de l’année à Paris.
  • Mécontentement de l’opinion publique mentonnaise.
    • La gratuité de l’enseignement élémentaire, établie en 1815, est supprimée en 1843 (il y a deux écoles primaires à Menton : une pour les garçons depuis 1815 et, depuis 1822, une pour les filles). Les élèves doivent payer 0,50 F par mois.
    • Les Mentonnais jugent les impôts très lourds. Ils estiment qu’ils fournissent l’essentiel de la fortune nationale et que les Monégasques vivent à leurs dépens.
    • Dès 1821, Honoré V écrit au sujet des Mentonnais : “je sais qu’une partie des riches est opposée à mon gouvernement”.

La révolution mentonnaise

L’année 1847

  • 4 novembre - Premiers troubles à Menton.
    Les habitants demandent :
    • des réformes constitutionnelles, semblables à celles accordées en octobre par Charles-Albert dans le royaume de Piémont,
    • Une diminution de 50 % des droits de douane.
  • 25 novembre - Un détachement des troupes sardes qui stationnent à Monaco est envoyé à Menton pour rétablir l’ordre ; en fait, elles ne s’opposeront guère à l’agitation.
  • 9 décembre - Le prince Florestan se rend à Monaco. Il relève de ses fonctions officielles un riche négociant mentonnais, Charles Trenca (contrôleur général des finances et commandant des carabiniers du prince).
    Maladresse : Trenca va devenir chef de l’insurrection.

L’année 1848

 

  •  21 février - Devant l’agitation, Florestan accorde une constitution.
  • 2 mars - Des bourgeois mentonnais créent une “commission provisoire de gouvernement” de 35 membres.
  • 21 mars - Celle-ci proclame la déchéance des Grimaldi et l’érection de Menton et Roquebrune en “villes libres placées sous la protection de la Sardaigne”.
  • 24 avril - Election de 70 députés (58 pour Menton, 12 pour Roquebrune).
  • Juin - Un plébiscite décide le rattachement de Menton et Roquebrune à la Sardaigne. Mais la sincérité du vote est contestée : 370 Mentonnais signent une lettre envoyée au prince pour affirmer leur loyalisme.
  • 18 septembre - Le gouvernement de Turin déclare que les lois piémontaires s’appliqueront à Menton et Roquebrune en attendant qu’il soit statué définitivement sur leur sort. C’est une annexion de fait.

Les transformations de Monaco

  • Après la sécession de Menton et Roquebrune, Monaco n’est plus qu’une petite bourgade qui paraît sans avenir. Trois quartiers : le Rocher, qui est habité ; la Condamine, autour du port ; le plateau désertique de Spélugues. Le risque est grand que la principauté disparaisse, faute de revenus.
  • C’est tout le génie politique du prince Charles III que d’avoir l’idée de créer des jeux de casino (interdits dans les états voisins) et de permettre à la principauté, en s’enrichissant, de se développer rapidement.
  • 1856 - Charles III concède la première autorisation d’exploiter un casino ; mais trois tentatives aboutissent à des faillites.
  • 1863 - Charles III accorde le privilège d’exploiter le casino au Français François Blanc (qui administrait un casino florissant en Allemagne). Celui-ci crée la Société anonyme des Bains de Mer et du cercle des étrangers à Monaco.
    C’est le début de la fortune pour la principauté : un luxueux casino est construit, puis l’hôtel de Paris, d’un confort exceptionnel.
  • 1er juin 1866 - Le quartier des Spélugues (où se trouve le casino) prend le nom plus exotique de Monte-Carlo (Charles III).
  • 1er octobre 1868 - Le chemin de fer arrive à Monaco, ce qui permet de multiplier le nombre de joueurs. Monaco, en effet, n’est plus qu’à un quart d’heure de Nice (au lieu de 4 heures par la route en passant par la Grande Corniche et 1 heure par la mer : bateaux à vapeur).
  • 8 février 1869 - Charles III supprime les impôts personnels, fonciers et mobiliers, ce qui entraîne une intense activité de construction.