Les Alpes-Maritimes au XIXe siècle

La République à l’épreuve du nationalisme

Au milieu des années 1880, le jeune régime républicain est confronté à une situation délicate. Un fort mécontentement social lié aux difficultés économiques et l'instabilité ministérielle due à des majorités parlementaires étroites entraînent le développement de l'antiparlementarisme.

Le général Boulanger, qui avait acquis comme ministre de la Guerre une grande popularité, parvient à capter ces aspirations, notamment dans les Alpes-Maritimes où ses partisans sont nombreux. Triomphalement élu député à Paris en janvier 1889, il hésite à tenter un coup d’État. Les dirigeants républicains réagissent alors : menacé d’être traduit en Haute cour de justice pour atteinte à la sûreté de l’État, Boulanger s’enfuit en Belgique en 1889.

Les années 1890 sont marquées par d’autres difficultés. En 1892 éclate le scandale de Panama (des ministres, des journalistes et des députés avaient été achetés par la Compagnie du canal de Panama afin de soutenir par leur vote ou leurs articles une autorisation d’emprunt en faveur de la compagnie).

C'est surtout l'affaire Dreyfus qui provoque une crise profonde divisant l'opinion. En 1894, le capitaine Alfred Dreyfus, d’origine juive, est accusé à tort d’avoir livré des secrets militaires français à l’Allemagne, condamné pour haute trahison à la dégradation et à la déportation à vie.

L’opinion se divise. Les dreyfusards demandent la révision du procès au nom de la justice ;les antidreyfusards, souvent antisémites, estiment que ce serait remettre en cause l’honneur de l’armée et affaiblir la patrie.

Un nouveau procès, à Rennes en 1899, le déclare à nouveau coupable. Gracié quelques semaines plus tard, le capitaine Dreyfus ne sera réhabilité qu’en 1906.

Enfin, dans les années 1900, un puissant courant nationaliste s’impose à l’extrême-droite de l’échiquier politique, avec la Ligue des patriotes de Déroulède, très influente à Nice, et qui se caractérise par son antiparlementarisme, son antisémitisme et son hostilité à la franc-maçonnerie.

Dates-repères

  • 7 janvier 1886 : le général Boulanger devient ministre de la guerre
  • 30 mai 1887 : éviction du général Boulanger du gouvernement
  • 27 mars 1888 : le général Boulanger est mis à la retraite
  • 27 janvier 1889 : le général Boulanger est élu à Paris lors d'une élection législative partielle
  • 1er avril 1889 : fuite de Boulanger en Belgique. Il y meurt en septembre 1891
  • septembre à octobre 1889 : élections législatives, effondrement du boulangisme
  • 1892 : scandale de Panama
  • septembre 1894 : début de l'affaire Dreyfus
  • décembre 1894 : Dreyfus est condamné à la déportation
  • 13 janvier 1898 : Émile Zola publie dans l'Aurore, "J'accuse", texte en faveur de Dreyfus
  • 23 février 1899 : tentative de coup d'État de Paul Déroulède
  • 3 juin 1899 : la condamnation d'Alfred Dreyfus est cassée
  • août à septembre 1899 : second procès d'Alfred Dreyfus ; il est condamné puis gracié

Tous vont décamper, journal boulangiste, 1898

Article hostile au boulangisme, Le petit Niçois, 1889

"Le traître", Une du Petit journal, 13 janvier 1895

"Un dîner en famille", caricature de Caran d'Ache, Le Figaro, 14 février 1898

Relation du procès d'Emile Zola, Le petit Niçois, 23 février 1898

Portrait de Zola, Le petit Niçois, 7 février 1898

Le capitaine Dreyfus au procès de Rennes, L'illustration, 12 août 1899

Témoignage sur l'affaire Dreyfus, Le petit Niçois, 15 juillet 1906

Manuel du "Bon citoyen", brochure nationaliste

Rapport sur une réunion nationaliste à Nice en décembre 1901