Productions et échanges

Le mouvement de reprise économique qui se manifeste dans toute l'Europe occidentale à partir du XIe siècle touche également la Provence et les échanges de marchandises s’accroissent. L'âge d'or du commerce niçois et grassois se situe très certainement entre 1250 et 1350 : Nice et Grasse sont alors au centre d'un trafic de marchandises qui voit passer dans un sens draps italiens, épices et produits du Levant et dans l'autre draps, toiles et fourrures du nord.

Le mouvement de reprise économique qui se manifeste dans toute l'Europe occidentale à partir du XIe siècle touche également la Provence. Cette reprise se traduit par une intensification des pratiques d'échange. Néanmoins, en dépit des efforts des détenteurs du pouvoir pour assurer la sécurité de la circulation, l'état des routes reste défectueux tout au long du Moyen Âge. Le réseau, plus diffus et plus souple que celui des voies romaines, est aussi moins solide : le plus souvent les "routes" ne sont que de simples pistes qui ne résistent pas aux intempéries. En Provence orientale, un des grands axes routiers est l'axe Nice-Avignon par Grasse, Draguignan et Aix ; le Var est franchi à gué (ou sur une barque) à Saint-Laurent, moyennant le paiement de droits. Plusieurs axes secondaires existent. Nice est ainsi reliée à Digne via Bouyon, Séranon et Castellane, à Puget-Théniers et Entrevaux (avec franchissement du Var sous Bonson), à Cunéo soit par la Vésubie soit par la Roya. Après 1388, l’itinéraire Nice-Cunéo-Turin prend une grande importance et fait l'objet des attentions constantes des ducs de Savoie. Enfin, des sentiers, par les crêtes, relient entre elles les communautés rurales. En dépit de nombreux pirates qui infestent la Méditerranée, le cabotage est employé parallèlement à la voie terrestre et dessert Cannes, Antibes, Nice et Villefranche.

Les progrès du commerce régional et international s'affirment tout au long du Moyen Âge même pendant la crise des XIVe et XVe siècles. Nice et Grasse, de par leur position, jouent un rôle d'intermédiaire entre la Provence et l'Italie. L'âge d'or du commerce niçois et grassois se situe très certainement au milieu du XIIIe siècle et dans la première moitié du XIVe siècle, à l'époque de la papauté d'Avignon : Nice et Grasse sont alors au centre d'un trafic de marchandises qui voit passer dans un sens draps italiens, épices et produits du Levant, dans l'autre sens draps, toiles et fourrures du nord. De nombreux marchands étrangers sont installés à Nice. Après 1355, la route d'Avignon devenant moins sûre, puis les papes renonçant à résider dans la capitale du Comtat, la place de Nice et Grasse dans le commerce international décline. Nice, toutefois, retrouve son rôle d'intermédiaire italo-provençal au XVe siècle : à cette époque, la ville tire profit de la neutralité de la Savoie dans le conflit opposant la deuxième maison d'Anjou et la couronne d'Aragon. Parallèlement au grand commerce, on voit se multiplier au Moyen Âge, à l'instigation des seigneurs, des lieux de rencontre entre marchands, marchés et foires, centres d'échanges de produits régionaux et parfois lointains.

Du XIe au XIIIe siècle l'essor urbain stimule les activités artisanales et la forte croissance du nombre des artisans. En Provence orientale, l'industrie du cuir est prépondérante, alimentée en peaux par l'élevage. La ville de Grasse est un centre de production réputé. La transformation de la laine occupe également une place importante en raison du grand nombre d’ovins. La seule énergie est celle de l’eau qui permet, depuis le Xe siècle, le fonctionnement des moulins à foulon pour le travail des draps. Le travail des artisans est réglementé dans les grandes villes par les statuts communaux. La crise du XIVe siècle, les famines et les épidémies ont des conséquences sur l'artisanat, en raison de la hausse des salaires liée à la raréfaction de la main-d’œuvre et au recul démographique qui restreint la clientèle.