Les Alpes-Maritimes au XIXe siècle
Le monde du travail
Ouvriers et employés sont soit des immigrés, soit des paysans du haut-pays ayant quitté leurs villages à la recherche d’une vie meilleure. Dans tous les secteurs d’activité, les Italiens, originaires de Ligurie et du Piémont, constituent l’essentiel de la main-d’œuvre : bâtiment, travaux publics, hôtellerie, agriculture…
Dès la création du département, en 1860, ils affluent en nombre, attirés par la prospérité économique et les grands travaux qui leur procurent des emplois. Le monde ouvrier, potentiellement dangereux pour l’ordre établi, est étroitement contrôlé par l’obligation de détenir un livret.
Dans la réalité, les conditions de travail ne connaissent pas d’amélioration véritable avant les années 1890. Le travail des enfants reste possible et ils sont nombreux dès 10 ans dans les parfumeries, les verreries, les moulins…Sous le Second Empire, Napoléon III s’intéresse à la question ouvrière et tente d’améliorer les conditions de vie et de travail des ouvriers par des mesures en faveur du logement et du développement de sociétés de secours mutuel. En 1864, le droit de grève est légalisé avec des restrictions.
Attachés au libéralisme économique, les républicains laissent longtemps au second plan les questions ouvrières. La législation sociale progresse lentement en matière de protection du travail et d'assurances sociales. Il faut attendre 1892 pour que le travail des enfants avant treize ans soit interdit et 1906 pour que le repos hebdomadaire soit obligatoire.
Dans les Alpes-Maritimes, les problèmes sociaux sont nombreux : chômage saisonnier (il n'y a pas d'activité en été) ou cyclique (l'économie touristique est très sensible à la conjoncture économique), salaires inférieurs à la moyenne nationale, logements et coût de la vie élevé. Le mouvement syndical se développe dans les années 1890 autour de la Bourse du travail de Nice (créée en 1892) et de la commémoration du 1er mai. Les syndicats s'organisent par professions et sont rejoints par de nombreux travailleurs (4000 syndiqués à Nice en 1901) avec parmi eux beaucoup d'Italiens. Ils revendiquent augmentations de salaires et diminution du temps de travail. La poussée syndicale est particulièrement forte entre 1904 et 1907, période pendant laquelle les grèves des traminots niçois se déroulent dans un climat de violence. La C.G.T. (Confédération Générale du Travail), née en 1902, connaît une croissance rapide. Son syndicalisme de classe attire de nombreux adhérents.