... et aux 100 visages
Jadis nourricier et même généreux malgré un relief souvent hostile et une terre ingrate, le moyen pays des Alpes-Maritimes offre au randonneur une nature humanisée où cohabitent les diverses facettes d’une économie agropastorale séculaire.
Si souvent la forêt reprend ses droits depuis quelques décennies et envahit inexorablement les audacieuses restanques (terrasses de culture), on pourra admirer çà et là les fières bastides des plateaux calcaires ou les modestes granges aux toits de chaume des vallons ignorés, les bories de pierre ou les casouns typiques qui abritaient bergers et paysans au gré de leurs migrations saisonnières.
Ici une source de tuf, là un torrent résurgent se jetant en cascade dans des gorges creusées au fil des millénaires ou encore des canaux d’irrigation inventifs traversant éperons, parois ou précipices : autant de signes de l’omniprésence de l’eau...
Champs de labour, prés de fauche, arbres fruitiers, forêts de production, reboisements patients, autant d’empreintes des soins attentifs de générations laborieuses.
Et puis bien sûr les senteurs mêlées de la flore méditerranéenne, ce savoureux cocktail de lavande, de thym, de romarin, de genêts qui embaument tour à tour les versants chauffés par un soleil ardent.
Justement, le soleil trouve en ces lieux abrités par un relief escarpé où s’imbriquent vallons et croupes, plaines et crêtes, un territoire idéal pour faire régner, été comme hiver, sa toute puissance : si les adrets paient parfois un lourd tribut aux incendies, on saura malgré tout goûter ce climat à l’aménité rare qui caractérise le moyen pays des Alpes-Maritimes.
D’ailleurs la randonnée pédestre, pour peu qu’on évite les plus redoutables canicules estivales, s’y pratiquera au rythme des saisons, quasiment tout au long de l’année.
Si certains hivers neigeux enveloppent soudain les crêtes d’un linceul blanc, une subite hausse de température ou une pluie sour noise auront tôt fait de redonner au paysage sa physionomie habituelle.
D’une vallée à l’autre, les routes quant à elles sillonnent sans faiblesse plis et replis, contournent les crêtes ou enjambent les canyons, relient entre eux hameaux et villages où les habitants maintiennent les traditions transmises au fil des siècles : la gastronomie locale, simple et goûteuse, enrichit notamment de sa variété ce terroir attachant.
Ainsi à quelques kilomètres du littoral, un réservoir inépuisable de balades en moyenne montagne apportera au visiteur venu de Cannes, Nice ou Menton un dépaysement complet, depuis la vallée de la Siagne à l’Ouest du département jusqu’à celle de la Roya à l’Est, en passant par le Loup, l’Estéron, le Var, la Tinée, la Vésubie, la Bévéra et le Paillon. La sélection d’itinéraires présentée dans ce guide, pour incomplète et empirique qu’elle soit, s’est efforcée de retracer au mieux la diversité des horizons de ces vallées à l’accent chaleureux qu’on appelle le moyen pays des Alpes-Maritimes.