La Tour

Un habitat fortifié dénommé La Tour est mentionné durant la première moitié du XIIIe siècle.

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Au Moyen Âge, deux agglomérations sont connues sur le territoire de la commune de La Tour.

Un habitat fortifié dénommé Alloche est mentionné dans les archives durant la première moitié du XIIIe siècle. Il devait être situé sur le sommet qui domine la chapelle Saint-Jean, à 3 kilomètres au nord-est de l’agglomération (c’est aujourd’hui le hameau d’Alloch dit « de Saint-Jean »).

Un second habitat fortifié, La Torre, existait également au XIIIe siècle sur le site du village actuel.

Le château occupait sans doute le sommet qui domine le village au sud-ouest, et qui porte le cimetière, et l’agglomération devait être groupée au pied de la colline.

L’existence d’une église est attestée en 1351, peut-être à l’emplacement du lieu de culte actuel. Par la suite, au XVIe siècle, l’église fut reconstruite et le village se développa sur le plateau, à 620 m d’altitude. Il est bâti sur la crête d’un contrefort du Tournairet, au carrefour de chemins conduisant à Utelle, Clans et Villars.

Jusqu’au XIXe siècle, la route de la Tinée passait par là. Le village comprend plusieurs quartiers : celui du Château avec la place, l’église et la mairie, en face la Rue longue, les Roubinas, le Puits, la rue du Four, au bout du village le quartier de la Casette et la chapelle des Pénitents blancs, à l’est le quartier de Courtavès et de Cala Braglia, à l’ouest le Castellar.

Outre l’église paroissiale Saint-Martin, La Tour compte quatre chapelles : celle des Pénitents blancs, située à la sortie du village sur la route d’Utelle, la chapelle Saint-Sébastien, qui jouxte la route montant de la vallée, la chapelle Sainte-Elisabeth au premier col sur la route d’Utelle (édifice non visitable), la chapelle Saint-Jean-Baptiste d’Alloche, au quartier de la Vignasse, accessible à pied par le sentier GR 510.

Plusieurs moulins à huile et à farine témoignent de la richesse agricole passée du terroir, en oliviers, vignes et céréales. En dépit d’un important potentiel hydraulique, l’eau n’arriva au village qu’en 1891, grâce à une fontaine aménagée sur la place, et chez les particuliers qu’en 1927.

Église paroissiale Saint-Martin, début XVIe siècle

Comme ses voisines italienne et provençale, la région niçoise est restée longtemps fidèle à l’architecture romane.

Dans les Alpes-Maritimes, les édifices gothiques sont rares. Les premiers datent de la fin du XVe siècle.

L’église Saint-Martin, bâtie au début du XVIe siècle, peut en être considérée comme l’exemple le plus réussi.

Elle s’élève à l’extrémité sud-est du village. C’est un vaste édifice, à peu près orienté (vers l’est), flanqué d’un clocher de type « roman-lombard » en façade.

Son plan reste strictement basilical : vaste salle rectangulaire, à chevet totalement plat, divisée en trois nefs par des colonnades.

Elle comprend quatre travées dont la dernière, que rien ne singularise, sert de chœur. Le portail, particulièrement soigné, mérite que l’on s’y arrête.

Une construction voisine dite « Maison des Templiers » (reconnaissable à ses fenêtres géminées) est le presbytère d’origine, contemporain de l’église

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Un fleuron de l’art gothique

L’église Saint-Martin est, sans conteste, un des fleurons de l’art gothique des Alpes méridionales et n’a subi, par la suite, aucune altération baroque.

Elle est couverte par une voûte sur croisée d’ogives à fines nervures apparentes et clés plates.

Dans la nef, nervures et arcs doubleaux en plein cintre retombent sur des pilastres engagés assez minces qui s’appuient, avec les arcs transversaux, sur des colonnes à chapiteaux ornés de feuilles d’eau et de boutons.

Dans les bas-côtés, ce sont des colonnes engagées qui reçoivent directement ces supports.

On pourra notamment y admirer une Adoration des bergers peinte par Guillaume Planeta en 1655, le retable du maître-autel et un dôme processionnel en bois doré datant tous deux du XVIIe siècle.

 

Chapelle Notre-Dame-des-Pénitents-Blancs, seconde moitié XVe siècle

Bâtie dans la seconde moitié du XVe siècle, elle est décorée en 1491 par deux artistes niçois, Curaud Brèves et Guiraud Nadal, dont aucune autre œuvre n’a été conservée. Comportant, à l’origine, une seule nef couverte d’un berceau plein cintre, elle fut agrandie par les pénitents en 1672 par l’ajout d’une travée.

On peut y contempler, sur les murs, 20 scènes de la Passion ; la voûte montre le Père Éternel entre les Évangélistes, et le chevet, au-dessus de la Vierge à l’Enfant, fait voir une image du Jugement dernier, avec la résurrection de morts happés par la gueule du Léviathan ou s’élevant au Paradis.

L’enseignement est parachevé, au bas des murs, par le face-à-face de la cavalcade des Vices entraînés vers l’Enfer, et des Vertus tournées vers la Jérusalem céleste. Les fresques ont été restaurées en 2003-2004.

 

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Chapelle Saint-Sébastien, fin XVe-début XVIe siècle

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La chapelle Saint-Sébastien est située à 500 mètres du village, sur un col d’où l’on ne voit pas l’agglomération.

De plan rectangulaire, sa façade est dirigée vers le nord, ornée d’un décor peint bien conservé.

À l’intérieur, le vaisseau est couvert en berceau plein cintre. Elle aurait été bâtie entre 1480 et 1530

Place centrale, XVIe-XIXe siècle

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La place centrale est bordée par les édifices les plus remarquables du village. À côté de l’église paroissiale s’élève la mairie, dont le bâtiment fut acquis en 1889. Le trompe-l’œil a été réalisé en 1975 par le fresquiste niçois Guy Ceppa.

Il rappelle qu’au XIXe siècle plusieurs façades des maisons de la place étaient peintes. L’ancienne maison commune est située à l’entrée de la rue du four. Au centre de la place, se trouve une fontaine datant de 1895.

La maison Blanqui est remarquée pour ses arcades. Au fond, la maison Lyons, qui était à l’origine un hôpital construit en 1534, a longtemps abrité un commerce à usage d’épicerie, de mercerie et de bazar. Surélevée en 1891 par son propriétaire, le comte de Beauretour, elle abrite, dans une niche, le buste de Sadi Carnot, président de la République de 1887 à 1894.

Ensemble artisanal du Béal, XVIIIe-XIXe siècle

L’ensemble artisanal du Béal comprend un moulin à farine, un moulin à huile, une distillerie et un lavoir.

Il fonctionne grâce à un canal long de 15 km amenant l’eau captée au pied du Bois noir à 1 016 m d’altitude jusqu’aux moulins situés à 620 m d’altitude.

Cette installation, qui comprend une chute d’eau spectaculaire dans sa dernière portion (chute de Montjoie), servait aussi à l’irrigation. Moulins et lavoir furent construits à des dates différentes.

Le bâtiment supérieur est le moulin à farine.
Outre le blé, il servait à moudre seigle, maïs et pois chiches.

À l’intérieur, une meule horizontale était mise en mouvement par une turbine à cuillers visible de la route. Le moulin à huile est le mieux conservé des Alpes-Maritimes, en parfait état de marche.

Une roue à aubes verticale entraîne, grâce à un mécanisme à roues dentées en bois, des meules qui broient les olives.

Le lavoir reçoit une eau toujours propre grâce à une prise d’eau située en amont des moulins

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Hameau de Roussillon

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Hameau de La Tour, Roussillon s’est développé durant le XVIIIe siècle.

En 1743, il comptait déjà plus de 40 familles. Roussillon gagna progressivement en importance sur La Tour en raison de la fertilité des terres des alentours puis de la construction de la route de la Tinée, mais les deux agglomérations furent toutes deux fortement affectées par l’exode rural.

En 1935, La Tour et Roussillon comptaient respectivement 325 et 223 habitants ; en 1962, on n’y trouvait plus que 110 et 80 habitants. Le moulin à huile, communal, était mu par un âne ou un bœuf.

Il a été électrifié par la suite. Proche de Roussillon, le hameau de Ripert est plus ancien. Il fut abandonné par ses derniers habitants dans l’entre-deux-guerres. Encore visible sur le cadastre de 1865, il comprenait, à l’époque, une trentaine de maisons.

Église de Roussillon, milieu XIXe siècle

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Roussillon possédait, au XVIIIe siècle, une église succursale de La Tour sous la titulature de Saint-Barnabé.

Les habitants se plaignaient du manque d’offices et intentèrent en 1743 un procès au prieur de La Tour pour le contraindre à être plus présent, car il leur fallait quatre heures aller-retour pour entendre la messe au chef-lieu.

En 1834, l’église menaçait ruine et s’avérait trop petite pour accueillir les 230 fidèles du lieu.

Pendant 20 ans, les paroissiens s’efforcèrent de réunir les fonds nécessaires à l’édification d’un nouveau lieu de culte, qui fut entrepris en 1855, mais le chantier dura au moins jusqu’en 1861, faute de subsides car la commune refusait d’y contribuer.