un objet, une histoire

Fragment de vertèbre thoracique d’éléphant antique

Fragment de vertèbre thoracique d’éléphant antique (Palaeoloxodon antiquus) découvert dans la zone dite du « Locus VIII » de la grotte du Lazaret.

L’origine des éléphants antiques

L’éléphant antique, espèce fossile appartenant au groupe des éléphants à défenses droites, était largement présent en Eurasie de -900 000 à -34 000 ans environ. Les plus grands spécimens mesuraient vraisemblablement plus de 4 mètres de hauteur et pouvaient peser plus de 12 tonnes.

Durant des décennies, l’éléphant antique a été associé à la branche évolutive des éléphants d’Asie (Elephas maximus) sur la base de certains caractères morphologiques dentaires et osseux. De façon inattendue, des études paléogénétiques récentes – menées sur des spécimens fossiles datant de -244 000 et -120 000 ans - suggèrent que cette espèce était plutôt un proche parent de l’éléphant de forêt africain (Loxodonta cyclotis), habitant historique des forêts tropicales denses et humides d'Afrique centrale et d'Afrique de l'Ouest.

Un précieux indicateur de l’environnement et du climat

Les études paléoécologiques ont montré que l’éléphant antique était généralement associé à un climat clément et vivait préférentiellement dans les forêts tempérées (forêts caducifoliées). En outre, dans certaines régions méridionales (Italie et Espagne notamment), il était également bien adapté aux forêts broussailleuses méditerranéennes (forêt sclérophylle). Les affinités climato-écologiques de cette espèce en font par conséquent un indicateur privilégié des périodes interglaciaires qui ont jalonné les temps préhistoriques au cours du dernier million d’année.

L’aire de distribution de l’éléphant antique a constamment évolué au cours du temps, au rythme des oscillations cycliques du climat et de l’environnement. En effet, lors des épisodes tempérés, qui s’accompagnaient d’un fort développement des forêts, cette espèce présentait une vaste distribution européenne, incluant une partie du nord de l’Europe septentrionale et orientale. A l’inverse, lors de longues périodes glaciaires qui étaient caractérisées par l’installation de vastes steppes arides, ce géant des temps préhistoriques trouvait vraisemblablement refuge dans les régions méditerranéennes de l’Europe, qui étaient moins affectées par l’intensité des cycles glaciaires que le reste de l’Europe.

 

L’éléphant antique et l’Homme dans les Alpes-Maritimes

Dans les Alpes-Maritimes, la présence de l’éléphant antique dans les sites de Terra Amata (-380 000 ans), du Lazaret (-190 000 à -120 000 ans) et de Pié Lombard (-70 000 ans) montre clairement qu’il a occupé notre région aussi bien durant les longues périodes glaciaires (Lazaret et Pié Lombard) que lors des épisodes interglaciaires (Terra Amata). Il apparaît donc que la mince frange côtière des Alpes méridionales a joué le rôle de refuge (dit « classique ») pour certaines espèces tempérées lors des périodes froides des temps préhistoriques.

Parmi les espèces qui ont su profiter de l’impact moindre de la dynamique climato-environnementale dans cette région du monde et y trouver refuge au cours des périodes les plus froides des temps préhistoriques, il en est une qui vient naturellement à l’esprit : l’espèce humaine, qui semble avoir occupé le littoral maralpin de façon pérenne depuis un peu plus d’un million d’années.