Parc national du Mercantour

Adossé à la frontière du Piémont italien, le massif du Mercantour est le dernier promontoire de l’arc alpin au sud, avant sa brutale plongée dans la mer Méditerranée. A la cime du Gélas, plus haut sommet du Mercantour à 3 143 m d’altitude, vous êtes seulement à 50 km de la mer à vol d’oiseau. Un écrin où la faune, la flore et les paysages sont particulièrement protégés.

Présentation du parc

Le parc est un établissement public national, dirigé par un Conseil d'Administration composé d'élus, de fonctionnaires, de représentants d'activités économiques, de scientifiques. Son personnel comprend une soixantaine d'agents permanents.

Depuis 1984, le parc du Mercantour est jumelé avec "Le parco naturale delle Alpi Maritime" :

  • Dans le but de rationaliser la protection et la gestion de leur patrimoine commun, les deux parcs possèdent environ 32 kilomètres de frontière commune, de nombreux sentiers traversent la ligne de crête qui les sépare, mais aucune route carrossable.

Un riche patrimoine architectural, artistique et religieux qui comprend :

  • La Vallée des Merveilles et le Mont Bego : un des plus grands sites rupestres à ciel ouvert d'Europe avec plus de 30 000 gravures (1800-1500 avant J.C), peut-être d'inspiration religieuse,
  • Un très grand nombre d'oratoires et chapelles (principalement romanes et baroques),
  • Un habitat rural perché et fortifié,
  • Une centaine d'ouvrages militaires (souvent en ruines), en raison du rôle frontière joué par le massif ; notamment, une série de fortifications et de casemates, dont certaines à haute altitude, véritable ligne Maginot construite à la fin du 19e et dans les années 30. Certains forts, constitués de souterrains descendant parfois à 100 mètres de la surface du sol pouvaient accueillir 400 hommes.

Son histoire

18 août 1979 - Création du parc

Ses objectifs

  • Conservation des paysages et du patrimoine naturel,
  • Inventaire et comptage de la faune et de la flore (Surveillance des espèces menacées ; progression des connaissances scientifiques, réintroduction des espèces disparues (bouquetin et gypaète barbu)),
  • Protection et mise en valeur du patrimoine architectural,
  • Promotion du tourisme de découverte des richesses naturelles et culturelles tout en sensibilisant au respect de l'environnement,
  • Aide au développement durable d'une zone en cours de dépeuplement, valorisation des activités d'élevage et de production du bois,
  • Rôle de consultant auprès des communes en matière d'aménagement.

Sa géographie

Le parc s'étend sur deux départements :

  • Alpes-Maritimes :
    Zone centrale : 530.5 km2, zone périphérique : 1070 km2, total : 1600.5 km2
  • Alpes-de Haute-Provence :
    Zone centrale : 154.5 km2, zone périphérique : 395 km2, total : 549 km2

La zone centrale

Où seuls quelques hameaux traditionnels sont habités l'été :

  • La faune, la flore, les paysages y sont particulièrement protégés,
  • Elle est ouverte :
    • Aux touristes (600 km de sentiers de randonnées entretenus),
    • À certaines activités (agriculture, élevage, sylviculture, pêche...).
  • Sous réserve d'une réglementation très stricte, sont interdits :
    • La cueillette (végétaux, fossiles, minéraux),
    • La chasse et les armes à feu, les chiens,
    • Les voitures et les VTT (en dehors de certaines voies autorisées),
    • Le camping, le canyonning, les delta-planes, les parapentes...

La zone périphérique

Elle compte environ 18000 habitants permanents.

Le Parc National n'y a pas de pouvoirs particuliers mais il s'associe aux acteurs locaux pour valoriser et développer des activités respectueuses de l'environnement et proposer des réalisations d'ordre culturel.

Plus de géographie

  • Les glaciers alpins les plus proches de la Méditerranée, à plus de 2700m d'altitude, à moins de 40 km de la mer.
    • 100 lacs d'altitude
    • La majorité ont une faible surface, inférieure à 10 ha. Huit mesurent plus de 10 ha.
    • Le lac d'Allos : 54 ha, 50m de profondeur. Le plus grand lac naturel d'Europe.
  • 28 communes
    • Leur espace est partagé entre zone centrale et zone périphérique, à l'exception de Meyronnes (AHP), entièrement en zone périphérique,
    • Coordonnées géographiques de la zone centrale : Entre 6'36'1 7"E et 7°31'07" (73 km E-O) 43054'24"N et 4411 25'44"N (58 km N-S).
  • Evolution démographique positive récente grâce aux activités de loisir et de tourisme (+13,4 % entre 1975 et 1999). Les stations de ski drainent une clientèle régionale, mais souffrent d'un enneigement aléatoire.
  • Nouvelles activités : Via Ferrata (Valdeblore : la plus ancienne et la plus fréquentée), canyonning.

Sa végétation

L'occupation du sol

Les milieux pâturés occupent la moitié des surfaces : Les herbages ont été étendus au détriment de la forêt pour nourrir les troupeaux. La forêt occupe 40 % du territoire : presque 10 % de la forêt sont dus à une reconquête récente, 10 % de la surface sont occupés par les blocs, les éboulis, les rochers (19 % de la Z. C.), Les secteurs les plus forestiers : Roya-Bevera, Haute-Vésubie, Moyenne-Tinée, Les secteurs les plus pastoraux : Haute-Tinée, Haut-Var, Haut-Verdon.

Une exceptionnelle diversité des milieux naturels.

La plus riche du territoire français :

Près de la moitié des 4200 espèces végétales connues en France est représentée dans le Parc. Une quarantaine ne se trouve nulle part ailleurs dans le monde (on dit qu'elles sont endémiques). Cette extraordinaire diversité donne au Parc toute son originalité .

Ceci est dû à :

Un relief cloisonné, et à la variété des sols (sous-sol cristallin et sédimentaire), Des influences climatiques multiples (confluence des zones méditerranéenne, alpine, continentale), à la multiplicité des micro-climats, et à une opposition adret-ubac très marquée, Un rôle de zone-refuge joué lors des dernières glaciations quaternaires. Nombreuses enclaves de milieux représentatifs d'autres régions européennes.

Les forêt (propriétaires principaux : communes et Etat)

Les peuplements de feuillus dominent l'étage collinéen (600 à 1100 m)

Taillis de chênes pubescents sur les adrets (jusqu'à 1300 mètres).Le pin sylvestre est souvent associé à ces peuplements. Les chênes verts sur les barres rocheuses bien exposées, À l'Est de la Tinée, sur les ubacs, taillis de charme houblon (originaire d'Europe centrale).

Les peuplements résineux dominent l'étage montagnard (1100 à 1700 m) :

En adret, les forêts de pins sylvestres (arbres bien droits ; 40 mètres de haut), Les sapins, plantes d'ombre, se développent avec vigueur sur les ubacs.

Le mélèze est l' essence dominante de l'étage subalpin (1700 a 2000 m) :

Seul conifère à feuilles caduques du milieu alpin, le mélèze laisse filtrer une luminosité qui permet à de nombreuses plantes et fleurs de prospérer en sous-bois. Dans la partie basse de l'étage, le mélèze est généralement accompagné par l'épicéa, qui peut devenir localement prédominant sur les ubacs. Le mélèze, apprécié pour la qualité de son bois, a toujours eu une place privilégiée dans l'économie traditionnelle.

Au-delà de 2200-2300 m, la forêt laisse la place aux pelouses, landes, éboulis, rochers.

Les fleurs

Les orchidées

Sur plus de 375 espèces d'orchidées européennes, 63 sont répertoriées dans le Parc. La diversité des espèces illustre la richesse de ce territoire.

Le saxifrage à nombreuses fleurs

Espèce endémique du massif, Elle affectionne particulièrement les versants escarpés (falaises verticales entre 1900 et 3200 mètres), ce qui la rend peu accessible. La floraison n'intervient qu'une seule fois après plusieurs années de vie végétative, et se poursuit par un dessèchement complet qui entraîne la mort de la plante.

Sa faune

La diversité

  • 197 espèces de vertébrés (dont 53 inscrites dans le livre rouge des espèces menacées en France),
  • 6 à 10 000 espèces d'insectes sur les 36 000 décrits en France,
  • 19 espèces de chauves-souris parmi les 30 européennes,
  • 6 espèces d'ongulés :
    • Le chamois et le sanglier, les seuls à avoir toujours persisté,
    • Le cerf et le chevreuil, disparus au 15ème siècle, réintroduits au début des années 60 (cerf), et à la fin des années 80 (chevreuil). En forte croissance démographique.
    • Le bouquetin, disparu au milieu du 18ème, objet de plusieurs opérations de réintroduction,
    • Le mouflon, espèce allochtone, introduit au début des années 1950.
  • Un grand nombre d'espèces d'oiseaux (zone centrale "de protection spéciale des oiseaux menacés").

Les chamois, les plus agiles des ongulés

  • Nombreux dans la Réserve Royale de Chasse créée par Victor-Emmanuel II en 1859, ils étaient au bord de l'extinction en 1945, en raison de l'impact négatif de la guerre. Aujourd'hui, plus de 9000 individus en zone centrale (+ 8 % par an depuis 1980), une des plus belles densités des Alpes (13 chamois par km2).
  • La colonisation pourrait progresser vers la zone périphérique, si la pression de la chasse était moins forte.

Les bouquetins

  • Peu farouches (contrairement aux chamois)
  • Dans les Alpes-Maritimes : 120, et dans les Alpes de Haute-Provence : 430

Les rapaces

15 espèces diurnes et nocturnes, dont :

  • L'Aigle Royal. Son envergure peut atteindre 2m20. 38 couples recensés (une des densités les plus élevées de France). Il se nourrit de petits mammifères (marmottes, lièvres).
  • Le Gypaète Barbu. Le plus grand oiseau d'Europe (Son envergure atteint 2m70) Disparu dans les Alpes depuis 1913, il bénéficie d'un programme de réintroduction international (19 oiseaux lâchés dans le Mercantour entre 1993 et 2001). Charognard, il se nourrit de filaments prélevés sur les carcasses et surtout d'os.
  • Le Grand Duc d'Europe.

Le retour controverse du loup

Difficile à observer car il craint l'homme.

  • 5-11-92. Deux loups repérés, dans le vallon de Mollières ; un retour naturel depuis l'Italie, après 70 ans d'absence en France.
  • Le retour du loup a été certainement favorisé par l'accroissement de la densité d'ongulés sauvages et la désertification rurale, accompagnée d'une importante progression de la forêt.
  • Défenseurs et détracteurs du loup s'affrontent :Les éleveurs affirment que le loup a été réintroduit clandestinement et qu'il chasse les moutons, moins véloces que les ongulés sauvages. Mais si les moutons peuvent être victimes du loup, ils le sont aussi de chiens errants sauvages.Environ 15 loups auraient été tués ces dernières années, bien que l'espèce soit protégée,Une commission parlementaire d'enquête sur "la présence du loup en France" et l'exercice du pastoralisme en zone de montagne" débutera ses travaux en 2003.
  • Pour les défenseurs de la nature, la prédation du loup sur les troupeaux n'est pas une fatalité. Une cohabitation intelligente entre le loup et les troupeaux est possible, comme c'est le cas en Italie, en mettant en place des moyens de protection.