Les Alpes-Maritimes au XIXe siècle

Progrès du socialisme et menaces anarchistes

Après l’écrasement de la commune en 1871, le socialisme français s’est relevé lentement. En 1879, les socialistes tentent de créer un parti unitaire avec un programme collectiviste, mais c’est un échec.

Le socialisme français se divise en traditions opposées. Le courant marxiste, incarné par Jules Guesde et le parti ouvrier français, est le plus à gauche alors que le socialisme réformiste refuse le marxisme jugé trop autoritaire. Il s’appuie sur les ouvriers de la petite entreprise. Le socialisme révolutionnaire incarné par Auguste Blanqui, originaire de Puget-Théniers, reste encore vivace à la fin du XIXème grâce à Édouard Vaillant.

Le courant anarchiste, représenté entre autre par Émile Pouget, est très actif ; il utilise la propagande mais aussi la violence pour ébranler la société bourgeoise. Il pénètre même la Confédération Générale du Travail (CGT, fondée en 1895), pour imposer une ligne dure à la Charte d’Amiens en 1906 : la grève générale doit favoriser la révolution sociale et détruire l’État capitaliste. Cet anarcho-syndicalisme concurrence ainsi les partis socialistes. Au début du XXème siècle, Jean Jaurès, qui se situe à la charnière des différentes composantes du socialisme, s’affirme comme le chef de file des socialistes. L’action de ce dernier, la crainte de la guerre, la pression de la IIe internationale (créée en 1889) conduisent les partis socialistes à s’unir dans la Section Française de l’Internationale Ouvrière (SFIO) en 1905.

L’audience de la SFIO, progresse fortement dans le pays (104 députés élus à l’Assemblée nationale en 1910). Marxiste et révolutionnaire à ses débuts, la SFIO prend ensuite une orientation réformiste. Dans les Alpes-Maritimes, les premières tentatives d’organisation datent des années 1880, à l’initiative de Frédéric Von Stackelberg. Le courant socialiste se renforce à la fin des années 1890 avec la formation d’une « Union socialiste de Nice » en 1894. En 1906, l’avocat Louis Maffert crée à Cannes la « Fédération socialiste unifiée des Alpes-Maritimes ». Jusqu’en 1914, les socialistes s’enracinent à Cannes, Vallauris et Antibes mais ne progressent pas à Grasse, radical, et à Nice, de droite.

Dates-repères 

  • 1er mai 1891 : fusillade de Fourmies, répression d'une manifestation ouvrière
  • août 1892 : grève des mineurs de Carmaux
  • 24 juin 1894 : assassinat du président de la République Sadi Carnot par un anarchiste italien, Caserio
  • juillet 1894 : vote des "lois scélérates" contre les anarchistes
  • juillet 1899 : création de la seconde Internationale ou Internationale Socialiste
  • 26 avril 1905 : création de la SFIO
  • 13 octobre 1906 : charte d’Amiens

Auguste Blanqui (1805-1881) né à Puget-Theniers, militant socialiste révolutionnaire

Fiche de police du dirigeant socialiste Frédéric Stackelberg, 1893

L'assassinat du président Carnot à Lyon par l'anarchiste Caserio le 25 juin 1894, L'illustration, 30 juin 1894

Papillons anarchistes

Rapport de police sur la solidarité des anarchistes avec Dreyfus, 9 septembre 1899

Rapport de police sur une conférence socialiste à Cannes, 10 novembre 1905

"Le socialisme, parti du travail", article paru dans la Lutte sociale, hebdomadaire socialiste des Alpes-Maritimes, 12 juillet 1914

Profession de foi socialiste pour les élections législatives de 1906

Jules Guesde à la tribune d'un congrès socialiste, L'illustration, 6 octobre 1900

Jean Jaurès, L'illustration, 6 octobre 1900