1 - Les phases de la bataille de Verdun

La bataille de Verdun oppose durant 10 mois les armées françaises et allemandes dans le département de la Meuse. Les combats sont intenses.

1.1 L’offensive allemande (février-avril 1916)

Le 21 février 1916, à quatre heures du matin, un obus allemand explose dans la cour du palais épiscopal de Verdun. Il s'agit d'un tir de réglage car à sept heures du matin, 1 200 canons et 200 mortiers allemands engagent la bataille et provoquent une hécatombe dans les lignes françaises. C'est le Trommelfeuer, un mur de feu constitué par le pilonnage continu de l'artillerie. Il est entendu jusque dans les Vosges, situées à 150 kilomètres de là. Dans l'après-midi, le Kronprinz (prince héritier) Guillaume de Prusse prend la tête des bataillons d'assaut équipés de grenades, mitrailleuses et lance-flammes.

Le 24 février, la IIe armée avec à sa tête le général Pétain est envoyée en renfort. Celui-ci décide de réorganiser la défense, en instaurant le système du " tourniquet " : les soldats restent quatre ou cinq jours en première ligne, puis autant de temps en seconde ligne et dans les villages situés à l'arrière du front. Pétain réorganise également le ravitaillement des poilus en munitions et nourriture : des camions sillonnent jour et nuit la seule route départementale qui relie le front au reste du pays, il s'agit de la Voie sacrée. La voie ferrée métrique du Petit Meusien, une ligne de chemin de fer qui relie Verdun à Bar-le-Duc, est également exploitée tandis que les sapeurs construisent une nouvelle voie de chemin de fer à écartement normal pour mieux faire circuler les convois constitués de locomotives et wagons réquisitionnés dans toute la France.

Les troupes allemandes se concentrent sur le fort de Douaumont, pièce maîtresse de la ligne de défense française. Déserté, le fort est occupé par les troupes allemandes. Depuis l'engagement des combats, les Français perdent six à huit kilomètres en quatre jours. Toutefois les objectifs fixés par Falkenhayn à son armée ne sont pas atteints, en raison du caractère peu praticable du terrain mais aussi grâce à la farouche résistance des soldats français.

1.2 Les lignes françaises tiennent bon (mai-juin 1916)

En mars 1916, sur la rive gauche de la Meuse, les attaques allemandes et contre-attaques françaises se succèdent durant plusieurs jours. Le sommet nord du mont dit " Le Mort-Homme " est attaqué, ainsi que le bois des Corbeaux. Sur la rive droite, les Allemands concentrent leurs assauts contre le fort de Vaux et la Côte du Poivre. Les combats sont intenses et les soldats côtoient le feu, le fer et la boue. Au début de la bataille le 21 février, il y a 150 000 soldats français sur le front. Début avril, les effectifs s'élèvent à 525 000 hommes. Mais le 9 avril, le sommet nord du mont dit " Le Mort-Homme ", sur le territoire de la commune de Cumières, est occupé par les troupes allemandes. Les Français gagnent la bataille aérienne grâce aux talents stratégiques du commandant Tricornot de Rose, qui prône les vols en groupe au lieu de la recherche de l'exploit individuel.

Le 1er mai, Foch nomme le général Nivelle pour diriger la bataille, à la place du général Pétain, jugé insuffisamment offensif. Nivelle charge le général Mangin de reprendre le fort de Douaumont. L'infanterie occupe deux jours le fort du 22 au 24 mai, mais celui-ci finit par être repris par l'armée allemande. Pendant ce temps, 10 000 Français tombent pour garder la côte 304 sur laquelle les Allemands prennent pied.

En poursuivant leur avancée sur Verdun, les Allemands assiègent le fort de Vaux, encore occupé par une garnison française. Les 600 hommes du commandant Reynal résistent mais les 250 survivants se rendent le 7 juin, car leurs réserves d'eau sont épuisées. Le 18 juin 1916, Falkenhayn lance une attaque avec des obus au phosgène, repoussée par les Français. Un nouvel assaut est entrepris le 23 juin, les Feldgrauen avancent de six kilomètres et occupent la crête de Fleury. L'avancée allemande est arrêtée devant l'ouvrage fortifié de Froideterre, au nord de Verdun.

1.3 La contre-offensive française et la victoire (août-décembre 1916)

Après trois jours de tirs d'artillerie préparatoires, Les Allemands lancent une ultime offensive le 11 juillet dirigée contre le fort de Souville, dernier rempart avant la descente vers la ville de Verdun. Leur avancée est arrêtée par les tirs de mitrailleuses depuis le fort. Une cinquantaine de fantassins allemands parviennent tout de même au sommet du fort, mais ils sont faits prisonniers ou rebroussent chemin. Le chef de l'État-major allemand Falkenhayn ordonne un repli stratégique alors que s'engage la bataille de la Somme. Reconnaissant son échec, il démissionne le 26 août.

Fin octobre 1916, sous le commandement des généraux Nivelle et Mangin, les Français pilonnent les lignes ennemies du 21 au 24 octobre. Bombardés par des obus de 400 millimètres, les Allemands évacuent le fort de Douaumont le 23 octobre. Les territoires perdus au début de la bataille sont peu à peu reconquis.

Le 15 décembre 1916, les troupes françaises livrent un dernier assaut pour reprendre Bezonvaux. La bataille de Verdun est terminée et est gagnée par l'armée française.