Un objet, une histoire

Mandibule gauche de marmotte des Alpes

Mandibule gauche de marmotte des Alpes (Marmota marmota) portant une incisive (i1) et trois molaires (m1-m3) inférieures, provenant du sommet du remplissage de la grotte préhistorique du Lazaret (140 000-130 000 ans environ).

La marmotte des Alpes est plutôt discrète dans les niveaux les plus anciens de la grotte du Lazaret et devient plus abondante dans les niveaux supérieurs. Cette espèce fournit de précieuses indications sur la dynamique climato-environnementale au cours des temps préhistoriques et sur l’opportunisme adaptatif de certains mammifères.

Quel est l’intérêt paléoécologique de la marmotte ?

En Eurasie, on connait aujourd’hui 10 espèces de marmottes qui occupent une aire de répartition particulièrement vaste, des massifs alpins méridionaux aux confins de la Sibérie orientale, en passant par les plaines d’Europe centrale et d’Asie.

La marmotte des Alpes (Marmota marmota) est rongeur fouisseur de taille moyenne qui affectionne les climats rigoureux et continentaux. Sa présence au Lazaret souligne le fait que nous étions alors en période glaciaire. Le climat au niveau des rivages maralpins devait donc être globalement plus froid et les rythmes saisonniers marqués par des étés chauds mais courts et de longs hivers plus froids.

Ces marmottes fossiles sont-elles les ancêtres des marmottes des Alpes que l’on rencontre aujourd’hui dans les montagnes maralpines ?

Si au moins une espèce de marmotte est présente cycliquement en Europe occidentale depuis environ 1 million d’années, la présence de la marmotte des Alpes au Lazaret est particulièrement intéressante car elle permet – pour la première fois - d’établir un lien entre les populations contemporaines des périodes glaciaires anciennes et les formes actuelles.

En effet, ces rongeurs semblent avoir trouvé un milieu à leur convenance sur la bande côtière littorale des Alpes méridionales lors de la période glaciaire contemporaine de l’occupation de la grotte du Lazaret par les hommes préhistoriques. On sait également qu’à l’issue de cette période, vers - 125 000 ans environ, notre planète a connu un intense mais relativement court moment de réchauffement climatique naturel, dénommé le « dernier interglaciaire » par les spécialistes. On peut penser que  les marmottes se sont réfugiées dans les massifs alpins durant cet épisode tempéré car elles ont pu y trouver des conditions climatiques et environnementales propices à leur survie. Les marmottes ont par la suite effectué, au gré des fluctuations climatiques, une succession d’allers-retours entre le littoral et les sommets montagneux tout au long de la dernière période glaciaire (de - 115 000 à - 10 000 ans environ).

Les marmottes des Alpes actuelles seraient donc les descendantes des marmottes exhumées dans la grotte du Lazaret.

Il est en outre fort probable, que les descendants des marmottes actuelles occupent de nouveau les rivages méditerranéens à l’occasion de la prochaine période glaciaire… dans quelques milliers d’années.

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