Route du Baroque

Basilique Saint-Michel

1619-1653. La basilique Saint-Michel s’inscrit dans un contexte architectural particulier de deux places communicantes reliées. Ces rampes permettent une mise en scène de l’architecture ménageant une progression dans la découverte des bâtiments ainsi qu’une parfaite adéquation avec le paysage majestueux de la baie de Garavan.

La première rampe qui s’étend de la rue Longue à la place Saint-Michel est due au prince Honoré III (1757-1758). Conformément au goût baroque, la rampe est conçue comme la mise en perspective d’un monument qui affirme la puissance du prince. La façade de la basilique Saint-Michel est donc le point d’orgue d’une perspective.

Elle s’élève sur une place pavée d’une mosaïque de galets blancs et noirs aux armes des Grimaldi. Elle s’articule en deux niveaux d’élévation, jouxtés par le campanile. L’essentiel du propos "baroque" se développe dans un jeu d’ombres et de lumières ménagées par les niches contenant des statues et les saillies des éléments architecturaux : colonnes, entablement et fronton triangulaire.

Situé à droite de la façade, le campanile construit en 1701-1702, est inséparable de l’image du Vieux Menton. Il exprime un discours audacieux et raffiné. Il joue le rôle de tour civique, magnifiant et dominant la ville. Son premier niveau est de section carrée. Les arêtes sont soulignées par des pilastres à chapiteaux composites. A leur droit, l’entablement qu’ils supportent forme un ressaut.

Lui succède un long développement vertical marqué par des pilastres très étirés. Ils soutiennent un entablement à consoles cannelées groupées deux à deux. A l’aplomb de l’entablement, des toupies effilées permettent le passage du plan carré au cylindre. Un second cylindre plus étroit vient se greffer sur le premier après la césure d’un entablement annulaire. Une frise de masques anthropomorphes clôt cette élévation juste au-dessous d’un petit dôme à écailles. Un lanternon, précédé d’une balustrade circulaire semble finir d’étirer le campanile vers le ciel et culmine en un dernier dôme à écailles supportant la Croix.

En pénétrant à l’intérieur de l’église, on passe dans une ambiance caractérisée par le développement longitudinal
de la vaste nef (quatre travées doublées de collatéraux donnant sur des chapelles latérales) prolongée par un chœur plus étroit dont l’entrée est marquée par un arc triomphal.

Les supports de la nef sont d’épaisses colonnes toscanes dont les chapiteaux reçoivent les retombées des grandes arcades.

La voûte de la nef est un berceau sans doubleau dont les lunettes de pénétration sont occupées par de simples baies.

Le sanctuaire profond est clairement séparé du reste de l’édifice.

La césure de l’arc triomphal est renforcée par le choix d’un ordre différent de celui de la nef. La cassure décorative et stylistique est significative.

À l’espace aérien de la nef succède une séquence sévère, une ambiance monumentale dense marquée par les ors et les faux marbres des pilastres. De nombreux retables baroques ornent les chapelles latérales donnant une réponse chaude à l’espace solide et clair de la nef.