Route du Baroque

Eglise Saint-Pierre

XVIIIe siècle. S’ouvrant sur une place permettant un dégagement suffisant, la façade de l’église s’inscrit dans une filiation turinoise assez nette.

La partie centrale de cette façade équilibrée superpose deux niveaux que couronne un vaste fronton triangulaire sur lequel déborde le toit qui couvre la nef.

La travée unique du premier niveau est délimitée par un massif portant deux pilastres doriques qui se détachent d’un bloc en légère saillie. Cette travée est presque entièrement occupée par la porte que surmonte un fronton curviligne dominé par les armes de la ville inscrite dans un écu. Les seuls éléments décoratifs de la façade se localisent en ce blason et dans les couronnes de la frise de l’entablement.

Flanquée de pilastres ioniques à guirlandes, la travée du second niveau est percée d’une belle fenêtre en plein cintre de style piémontais. Piémontais également, le large fronton dont les rampants marquent un ressaut ainsi que l’entablement sur lequel il repose, aux droits des pilastres du second niveau.

L’élégance sévère de cette partie centrale est quelque peu contredite par le dessin trop maigre des ailerons de raccord avec les deux travées latérales.

Sans aucun lien formel avec la façade, le plan de l’église, même s’il est annoncé par la distribution des volumes extérieurs, surprend par son ampleur et sa complexité, au point d’en faire un cas unique dans le contexte des villages montagnards du haut pays niçois.

Dilatant le parti en croix grecque, l’architecte Spinelli opère un véritable retour aux expériences de la Renaissance.
De part et d’autre d’une vaste croisée centrale couverte d’une calotte sur pendentifs, il fait communiquer les bras du transept couverts de voûtes d’arêtes avec deux petites cellules voûtées en calotte. La cellule la plus proche du choeur donne elle-même sur une petite chapelle combinant nervure zénithale circulaire et voûte d’arêtes.

La croix grecque de base se trouve donc complété par une forte direction longitudinale secondaire qui détermine deux espaces faisant office de collatéraux. Ce retour à des modèles architecturaux proches de Saint-Pierre de Rome est le signe d’un baroque tardif voir finissant.

Certains éléments décoratifs sont rococos. Dans les retables des travées secondaires, l’oculus tient une part importante dans la structuration du décor.

Les piliers complexes de la croisée du transept entraînent les ressauts de l’entablement. Les retables du transept sont éclairés par des baies en anse de panier annonçant une transition vers le néoclassicisme.

De nombreux éléments de l’église ancienne perdurent et s’intègrent dans l’ensemble baroque.

Le retable de bois doré de type populaire s’insère dans un choeur recouvert d’une voûte à liernes et tiercerons étonnante pour l’époque.